L'incroyable histoire d'un sarcophage romain.
Introduction :
J’ai profité des fêtes de fin d’année pour aller voir
l’intérieur de l’église
Saint-Etienne de Villeneuve-lès-Maguelone, au sud de Montpellier.
Sitôt franchi la porte, je me suis trouvé face à un
sarcophage antique, déposé là, faute probablement d’un meilleur endroit dans la
ville.
La scène m’a parue relativement incongrue et, poussé par la
curiosité, je me suis demandé d’où venait cette œuvre et si je pouvais en
savoir plus sur cet objet, car un sarcophage a forcément une histoire à
raconter, sur lui-même et possiblement sur son infortuné locataire.
Il se trouve que j’ai acquis la capacité de recueillir des
informations sur un objet, une personne ou un lieu, quel qu’il soit, ce qui me
permet de savoir beaucoup de choses que les « savants » qui cherchent
tant bien que mal à retrouver un passé disparu depuis longtemps, ignorent.
C’est précisément le cas ici, car les révélations que j’ai
obtenues, ne vont pas manquer dans surprendre plus d’un.
(Vous trouverez ici-même, dans un autre article, mon étude consacrée à l'église St-Etienne de Villeneuve-lès-Maguelone.
Dans celui-ci, je n'aborde que le sujet du sarcophage).
Le sarcophage de l'église Saint-Etienne de Villeneuve-lès-Maguelone.
Quand j’ai commencé à « questionner » ce
sarcophage, j’étais loin de me douter du voyage que j’allais faire en sa
compagnie.
Commençons de suite par l’âge du sarcophage. Une affiche sur
trépied le date du VIe s. :
Or, pas du tout. La date que j’ai obtenu de fabrication de
ce sarcophage est l’an 345. Et pis que ça, il n’est pas d’origine locale comme
indiquée sur l’affiche mais, il a été fabriqué…à Rome.
Comment se fait-il qu’un sarcophage fabriqué à Rome se
retrouve ici, dans cette église ?
Poursuivons l’interrogatoire et essayons de comprendre.
Nous sommes donc en l’an 345, sous l’Empire romain.
Un
sarcophage, fabriqué à Rome, se retrouve ici, dans les environs de Montpellier
(où ? précisément, je ne sais pas, pas encore).
Pourquoi ?
Cela fait
près de mille kilomètres. A l’époque, ça faisait vraiment loin, surtout pour un
sarcophage.
Mais, bien sûr, tout s’explique, et alors tout devient
logique, et donc simple.
Ce sarcophage a été fait, forcément, afin d’accueillir la
dépouille d’une personne. Qui était cette personne ?
C’était un homme, un citoyen romain converti au
christianisme.
Il avait une propriété agricole dans les environs de l’actuel
Montpellier. Il avait, notamment, des vignes et des oliviers.
Son vin était distribué en Gaule mais, bizarrement, toute
son huile était expédiée à Rome.
Pourquoi Rome ?
Parce qu’à Rome vivait son père, qui était un riche
négociant.
Et c’est évidemment pour ça que le sarcophage a été fabriqué
à Rome à la demande du père, qui l’a expédié ensuite là où vivait son fils afin
qu’il puisse être inhumé sur place.
L’homme, semble-t-il, n’était pas marié et
n’avait pas d’enfants, ce qui explique que ce soit le père, à Rome, qui a dû
s’occuper de tout.
Notre homme est né le 14 décembre 299 en Italie, dans une
petite localité aujourd’hui disparue. Son père, un commerçant prospère installé
à Rome l’envoya, à l’âge de 19 ans, dans le sud de la Gaule pour développer son
commerce.
Il s’installa dans les environs de l’actuel Montpellier où
il acheta une propriété agricole. Il meurt en l’an 344, le 29 septembre, à près
de 45 ans.
Le sarcophage va être commandé la même année mais -
pour une raison que je ne connais pas – il ne sera fabriqué qu’à la fin de
l’année suivante, et achevé le 24 décembre 345, après 46 jours de travail d’une
seule personne.
Ce sarcophage part pour la gaule dès le 27 décembre 345, et
n’arrivera dans le mas du mort que le 14 septembre 347, soit près de deux ans plus
tard.
Cela parait extrêmement long au premier abord, mais
finalement très logique si on juge du moyen de transport utilisé.
En effet, le sarcophage va être placé sur un chariot, qui
sera tiré par deux bœufs, l’ensemble conduit par un seul homme, parent du
défunt.
L’itinéraire du sarcophage depuis Rome jusqu’à sa
destination finale, près de Montpellier :
Le convoi s’ébranle donc de la banlieue romaine le 27
décembre 345. Il arrive à Livourne en avril 346, puis rejoint Brescia en
septembre 346 pour atteindre Milan en novembre 346.
De là, il repart en direction de Cuneo qu’il passe en
décembre 346. Il se dirige ensuite vers les Alpes et franchit le col de Larche
pour arriver à Barcelonnette en février 347.
Il prend alors la direction du sud et passe successivement
par les villes actuelles de Remollon, Lettret, Upaix, Beauvoir, Eyguians avant
d’atteindre Serres en avril 347, puis Nyons en mai 347 et enfin Mornas en juin
347.
Depuis Mornas, il longe le Rhône qu’il va franchir à hauteur
de Pont-St-Esprit. Il poursuit plein sud, passe Bagnols-sur-Cèze et arrive à
Remoulins. Là, il franchit la rivière Gardon à hauteur du Pont-du-Gard et file
vers Nîmes qu’il atteint en juillet 347.
De Nîmes, il suit la Via Domitia pour arriver à
Castelnau-le-Lez en septembre 347.
Mais le convoi n’est pas encore arrivé car la maison du
romain n’est pas à Castelnau-le-Lez, mais un peu plus au sud, finalement à
Lattes, là même où ont lieu les fouilles actuelles à côté du musée
archéologique.
Sur la photo aérienne ci-dessous, j’ai indiqué la
localisation approximative, selon moi, de sa propriété.
L’équipage arrivera finalement au mas le 14 septembre de
l’an 347 et les funérailles de ce citoyen romain seront fixés pour le 8 mars
348.
Le sarcophage sera ensuite placé dans un tombeau construit
pour l’occasion.
En 752, le tombeau du romain est détruit et le sarcophage se
retrouve dans un cimetière de Lattes où sont également entreposés d’autres
sarcophages identiques et de la même époque et eux aussi fabriqués à Rome.
En 1192, ces sarcophages quittent Lattes et sont amenés sur
l’île de Maguelone près de la cathédrale St-Pierre et St-Paul où ils
séjourneront jusqu’en 1840.
Il semble qu’à cette date, certains de ces sarcophages ont
été amenés à Villeneuve-lès-Maguelone et déposés dans l’ancien cimetière où ils
ont été retrouvés en 1899, alors que d’autres ont été conduits à
St-Jean-de-Védas, puisque des sarcophages rigoureusement identiques auraient
été découvert là-bas.
Un de ces sarcophages est maintenant dans l’église
St-Etienne de Villeneuve-lès-Maguelone. Que sont devenus les autres ?
Pour tous les détails, voir la page
"Présentation".