vendredi 14 février 2020

L’oppidum de Gaujac. Découverte récente d’une sculpture antique.


L’incroyable histoire révélée d’une sculpture antique trouvée dans l'oppidum de Gaujac, Gard.


Introduction

Me promenant il y a quelques années dans l’oppidum de Gaujac, près de Bagnols-sur-Cèze, Gard, France, mon regard fut, à un moment donné, attiré par une pierre, au bord de la voie principale, en haut de l’oppidum, dans sa descente vers le « forum », dont une des faces, du fait de l’éclairage solaire qui se posait sur elle à ce moment-là, suscita ma curiosité, au point que je me suis baissé pour la ramasser.

L’observant de plus près…on dirait…, oui, c’est bien ça, on dirait…qu’il y a un visage, avec ses yeux, ses arcades sourcilières, le nez, la bouche. Incroyable ! Que faire ? Je l’ai mis dans mon sac et l’ai emmené chez moi, à Bagnols, où je l’ai installé dans la vitrine de ma bibliothèque.

La pierre n’a plus bougé jusqu’en 2017.


Aimez-vous les histoires, chers lecteurs ? Oui, probablement, comme tout le monde. Mais celle-là est vrai et, elle n’a pas fini de vous surprendre. C’est l’histoire de cette pierre, et aussi celle de son « porteur », et de leur formidable odyssée, il y a longtemps, très longtemps, dans un autre monde que le notre.



Une pierre pas ordinaire.


Photo de la pierre mystérieuse de l'oppidum de Gaujac

La pierre mesure environ 23 cm de long

Ainsi donc, j’avais cette pierre qui m’interpellait chaque fois que je passais devant la vitrine et que mes yeux croisaient son regard. En vérité, je n’osais pas croire que je possédais une pierre exceptionnelle. Je n’arrivais pas à y croire. Tout simplement pas.

Or, en 2017 donc, le hasard – si on y croit – m’a fait rencontrer une femme « médium », avec des pouvoirs assez fascinants, et je lui ai parlé de ma mystérieuse pierre. Et je la lui ai montrée.

Est-ce une simple pierre, lui demandais-je, ou bien, tu vois, comme moi, un visage sculpté ici, sur cette face ?  Oh que oui, me répond elle, C’est bien une sculpture, pas de doute, et cette pierre est VIVANTE, c’est son visage, là.

J’avais donc bien la confirmation qu’il s’agissait d’une sculpture humaine et non d’un effet de la nature, et j’entrepris, illico, d’essayer d’en savoir plus. Quel était ce visage et qui était le sculpteur ? Vaste programme. C’est un peu comme jeter une bouteille à la mer. Et la mer peut être très profonde…


L’interrogatoire de ma mystérieuse pierre.


On ne se méfie jamais assez de ses idées préconçues. C’est valable pour tout le monde, en particulier les chercheurs, et aussi pour moi ici.

Quand une réponse, une information, étonne, surprend, semble même impossible, on se gratte la tête, on est pris par le doute. On se dit : « où est l’erreur ? » Alors on recommence, encore et encore, jusqu’à se rendre à l’évidence : c’est ça et pas autre chose (au moins jusqu’à preuve du contraire).

J’ai questionné ma pierre pendant plus d’un an (je n’étais pas pressé), la dernière fois le 29 juin 2018, juste avant d’écrire l’article. Je lui ai posé presque toujours les mêmes questions, pratiquement dans les mêmes termes (très important, le choix des mots), et j’ai toujours obtenu les mêmes réponses (parfois juste une petite hésitation sur une date précise).

Et le résultat est là, étonnant, tant il est très loin de ce que je pouvais supposer. Je croyais, tant cela me paraissait évident, que cette pierre, cette sculpture, était « d’origine locale ». Quelle erreur ! Mais aussi quelles surprises, quel lot de révélations sur la vie des gens à cette époque, il y a plus de 2000 ans déjà.

Les communications dans l’antiquité. Voilà un sujet dont on est loin, me semble-t-il, d’avoir fait le tour. Et pourtant, il est d’une importance capitale pour une bonne compréhension de l’histoire globale des civilisations.

Voici donc, ci-dessous, en mode « brut de décoffrage », les questions que j’ai posées et les réponses obtenues (cinq ou six fois, étalées sur un an, toujours les mêmes, donc, selon moi, exactes) :


Les questions :
Voilà la liste des questions que j’ai posées, dans l’ordre où elles me sont venues, la première fois que j’ai interrogé ma pierre, en mai 2017. (Au fur et à mesure, je notais sur un calepin la question et la réponse). J’aurais pu, évidemment, poser beaucoup d’autres questions –et d’ailleurs j’en ai posé d’autres pour lesquelles je n’ai pas obtenu de réponse- pour essayer d’en savoir encore plus, mais je n’ai pas voulu « y passer la vie ».

Est-ce une pierre sculptée ? Oui
Date de la sculpture ? moins 24 (avant notre ère, évidemment)
Une tête ? Oui
Une divinité ? Non
Une personne réelle ? Non
Un masque ? Oui
Un masque de théâtre ? Oui
Une tête d’homme ? Oui
Un personnage du théâtre romain ? Non, Gaulois ? Non
Ce masque a-t-il été sculpté sur le site de l’oppidum ? Non
Un personnage du théâtre grec ? Oui
A-t-il été sculpté en Grèce ? Non

A-t-il été sculpté sur une île ? Oui
(Les îles Grecques ne manquent pas... J’en cherche une près de chez nous. Une quinzaine de secondes plus tard, un nom me vient à l’esprit)
En Sicile ? Oui (Bingo !)



(Comment et pourquoi une simple pierre, sculptée en Sicile, cette île tout en bas de la botte italienne, a-t-elle pu atterrir dans ce « bled » de Gaujac, deux milles bornes plus au nord, en Gaule ? Je suis comme le récitant devant le Petit Prince ; je me frotte les yeux et me demande si je ne rêve pas.


Photo de la pierre mystérieuse de l'oppidum de Gaujac



Au point où on en est, tachons d’en savoir plus sur ce mystérieux objet :

Est-il entré en Gaule par bateau ? Non
Est-il entré en Gaule par voie de terre ? Oui

Amené par des commerçants ? Oui
Sont-ils venus par les Alpes ? Oui
Ont-ils vendu cette pierre sur l’oppidum ? Oui
Cette pierre était-elle placée sur un édifice sur l’oppidum ? Oui
Est-ce que je peux savoir lequel ? Oui


Elle a quitté la Sicile en ? moins 23
Elle est arrivée à Gaujac en ? moins 14
Amenée par un commerçant « pauvre », et itinérant, qui l’avait acheté pour la revendre, avec d’autres objets, mais n’avait aucune intention au départ de venir en Gaule.
Le masque est-il passé par Rome ? Oui

En quelle année ? moins 19
Et il a quitté Rome en ? moins 17
Le masque est-il passé par Gènes ? Non, Turin ? Non, Milan ? Oui


Puis-je savoir dans quelle ville ce masque a été sculpté ? Oui

Syracuse ? (Je tente le nom de la ville de Sicile la plus connue de l’époque) ? Oui.
Ce masque est-il entier ? Non. En 2 parties ? Oui
Est-ce une antéfixe ? Oui. (Sur la fonction d’antéfixe, j’ai un petit doute. Néanmoins, la réponse a été positive. D’autre part, il a déjà été affirmé que cette pierre était posée sur une toiture. Donc…j’en reste là)
Puis-je savoir où se trouve la 2e partie ? Non


Puis-je connaitre l’itinéraire qu’à suivi ce masque ? Oui.


(Je vais chercher des cartes de l’Italie et de la Sicile, puis du sud-est de la France).

Syracuse donc, puis Catania ? Oui, puis Messina ? Non, mais bateau depuis Catania jusqu’à Reggio de Calabria en moins 22 et arrivée à Naples en moins 20, puis à Rome en moins 19.


Il a quitté Rome seulement en décembre 17.
Il arrive à Livourne en juin de l’an moins 15, puis passe par Brescia et arrive à Milan en août moins 15 pour repartir en octobre moins 15.

De là, il suit la route suivante : Cuneo, Barcelonnette, Gap, Nyons, Vaison-la-Romaine, Bollène, Pont-St-Esprit, Bagnols-sur-Cèze, Connaux et enfin Gaujac où il arrivé en juillet de l’an moins 14. (Evidemment, ce sont les noms actuels des villes et peut-être même que certains patelins n’existaient pas à l’époque).



Le commerçant : Un homme seul. Il a acheté les 2 pierres, les seules qu’il transporte à son départ en moins 23, car il a, entre temps, revendu les autres objets qu’il avait acheté. Il a l’âge de 19 ans quand il part. Il arrive à Gaujac à 28 ans.

Il vend les pierres à un commerçant du marché de Gaujac, au pied de l’oppidum (pas dans l’oppidum).


Puis-je savoir sur quel bâtiment était placé le masque ? Oui
(Je récupère les plans qu’avait publié Jean Charmasson, l’inventeur de l’oppidum de Gaujac, dans ses publications, pour essayer de trouver l’endroit où avait été installé les deux pierres formant une « antéfixe ».


Voilà les informations que j’ai obtenues jusqu’ici :

Les pierres ont été posées sur la toiture des thermes, au-dessus de l’étuve (ou la piscine, selon les plans de Charmasson), en l’an 8 de notre ère, et elles y sont restées 70 ans jusqu’en l’an 78.


Photo des thermes de l'oppidum de Gaujac.



En 78, il y a eu des travaux importants au niveau des thermes, et les deux pierres ont été enlevées.

Elles sont alors placées sur la toiture du temple dit « d’Apollon », ou temple carré, au nord des thermes.

Mais elles n’y restent que jusqu’en l’an 113, date à laquelle elles sont enlevées ou « volées » car, il semble que le site romain soit alors plus ou moins à l’abandon. 

En 457, la pierre, désormais séparée de sa deuxième partie (dorénavant perdue), se retrouve comme pierre de construction d’un mur d’une des petites habitations du « village médiéval », tout près de l’église St-Vincent. Elle restera là jusqu’en 989, date à laquelle ce mur est démoli pour une modification du plan de construction dans ce quartier du site. La pierre se retrouve au sol pour plusieurs siècles.

Mais en 1535, elle est placée là où je l’ai trouvé, sur le bord de la voie qui longe le mur romain, au sud du « village médiéval » et qui abouti au « forum » ou « monument à portiques ».



Conclusion :
Les résultats de cette enquête montrent, entre autres, que les gens de cette époque voyageaient autant que nous, malgré des moyens de transport précaires et, probablement, de nombreux dangers qui pouvaient les guetter.

Ils pouvaient, à l’image de ce jeune homme, partir sur les routes pendant des années. Ce jeune homme a-t-il même revu un jour sa maison natale ?

Les objets aussi parcouraient des milliers de kilomètres. Toutes sortes d’objets. Il faut par conséquent être très prudent avant de parler de « fabrication locale » comme une évidence absolue, alors qu’il n’y a pas la moindre preuve. (J’invite à ce sujet le lecteur curieux à lire l’article « explosif » que je consacre au sarcophage qui se trouve actuellement dans l’église de Villeneuve-lès-Maguelone, Hérault).

La question qui reste vraiment en suspend, pour moi, après cette étude, est la suivante : 

Qui était vraiment ce jeune homme qui quitte la Sicile seul à 19 ans ? 

Pourquoi a-t-il trimballé ces deux pierres ? – lourdes de plusieurs kilogrammes – (tous les marcheurs d’aujourd’hui savent que pour aller loin, il faut s’alléger au maximum). Pourquoi a-t-il pris le risque de passer les Alpes en plein hiver, pour aller dans ce pays, la Gaule, qu’il ne connaissait pas ? Qu’est-ce qui à bien pu l’amener dans cet oppidum de Gaujac ? 

Gaujac était-il si connu à l’époque ? ou plus simplement, Gaujac est sur la route de Nîmes, et c’était là son but, Nîmes qu’il a peut-être rejoint après s’être débarrassé (enfin ?) de ses deux lourdes pierres.
On ne le saura jamais, de même qu’on ne connaîtra jamais son nom.

Une dernière chose, assez cocasse, et qui, en quelque sorte « boucle la boucle » : ce voyageur, ce nomade, en quête, probablement, d’une vie meilleure, qui est venu d’une l’île tout au sud de l’Italie, a franchi les Alpes par le même col que franchissent aujourd’hui les milliers de migrants débarqués eux aussi sur des îles du sud de l’Italie, et qui remontent jusqu’en France en prenant pratiquement le même itinéraire. Ils ont le même âge que lui, et le même objectif, celui que nous avons tous : s’en sortir, avoir une meilleure vie. 

Peut-être a-t-il réussi…grâce à la pierre VIVANTE.



Une pierre VIVANTE ?

Je conseille, amicalement, aux individus dont la pensée est d’un rationalisme « borné » de descendre ici, sous peine de lire maintenant des choses qui dépassent leur entendement.

En effet, ma « voyante » m’a dit : « cette pierre est VIVANTE, il y a un esprit à l’intérieur (un esprit humain désincarné), c’est son visage qu’on voit là.
Et il est triste et malheureux car il ne veut plus rester derrière la vitrine de ta bibliothèque ; il veut être dehors, dans la nature… »

Bon !

Attention, cette femme est loin d’être « folle », car elle m’a, par ailleurs, révélé certaines choses, que je savais moi sur deux ou trois autres objets en ma possession, et qu’elle ignorait totalement. Mais qu’elle a VU…dès que je lui ai montré quelques photos juste sur l’écran de mon téléphone.

Après toutes ces révélations stupéfiantes, je suis rentré chez moi avec ma pierre, que j’ai reposée au même endroit.


Mais ce qu’elle m’avait dit sur cet esprit qui demandait à sortir de ma bibliothèque m’a travaillé.


Si bien que quelque temps plus tard, pris par une espèce de remord, j’ai, finalement, acquiescé à cette demande, et je me suis débarrassé de ma pierre VIVANTE.



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